L’histoire militaire est jalonnée de figures tutélaires, protectrices et inspirantes. Parmi elles, saint Michel occupe une place singulière, lui qui fut choisi comme patron céleste des parachutistes. Ce choix, loin d’être anodin, s’inscrit dans une longue tradition où les soldats cherchent dans le ciel non seulement leur domaine de combat, mais aussi une source de lumière spirituelle.

 

L’Archange guerrier

Saint Michel n’est pas un saint ordinaire : il est un archange, chef des armées célestes. Dans l’Apocalypse selon saint Jean, il apparaît comme le combattant par excellence, celui qui terrasse le dragon, incarnation du mal et du chaos. Armé d’une épée flamboyante, il est la figure de la victoire de l’ordre sur la destruction, de la justice sur l’injustice.

Ce rôle d’intercesseur et de protecteur fit de lui, dès le haut Moyen Âge, le patron des chevaliers, des gardiens et des combattants chrétiens. Dans les sanctuaires qui lui sont consacrés, du Mont Gargano en Italie au Mont Saint-Michel en Normandie, la figure de l’archange rappelle la vigilance, le courage et la fidélité.

 

Le choix des parachutistes

Au XXᵉ siècle, l’arme parachutiste, nouvelle et audacieuse, voit le jour. Les soldats qui en font partie sont, par définition, « ceux du ciel ». Ils s’élancent dans le vide, confiants dans leur matériel, mais aussi dans une force supérieure, car le saut reste toujours un défi à la gravité et au destin.

C’est en 1948 que l’évêque aux armées de France, Mgr Valerio Valeri, officialise saint Michel comme patron des parachutistes français. Le choix est symbolique : qui mieux que l’Archange, descendu du ciel en combattant, pouvait incarner la vocation de ces soldats ? Michel, dont le nom en hébreu signifie « Qui est comme Dieu ? », devient alors la référence spirituelle des troupes aéroportées.

 

Une fête solennelle

Chaque année, le 29 septembre, fête de saint Michel, les parachutistes se rassemblent. Messes, cérémonies militaires et prises d’armes se mêlent dans une atmosphère où la foi rejoint la mémoire des camarades tombés. La « Prière du Parachutiste », rédigée par André Zirnheld en 1938, mort en mission avec la SAS en 1942, est récitée avec gravité. Ces mots, qui appellent au courage et à l’acceptation du risque, résonnent comme une profession de foi militaire et spirituelle.

La fête de saint Michel n’est pas qu’un rituel religieux ; c’est un moment de cohésion et de mémoire. Elle rappelle aux jeunes engagés qu’ils s’inscrivent dans une lignée, et aux anciens qu’ils ne sont pas oubliés. Le souvenir des camarades « partis en mission sans retour » donne une intensité particulière à cette journée.

 

Une spiritualité du combat

Le parachutiste, par son métier, s’expose à l’imprévu, au danger, à la fragilité de la vie suspendue à quelques sangles de toile. En cela, l’invocation à saint Michel n’est pas une simple tradition mais un véritable soutien moral. Le soldat sait qu’il doit, à l’image de l’Archange, rester debout dans la tourmente, vaincre ses peurs et affronter l’adversité.

Saint Michel est plus qu’un protecteur : il est un modèle. Modèle de pureté face à la tentation, de force face au doute, de fidélité face à l’épreuve. Dans le ciel du combat, il incarne une transcendance, un rappel que l’action militaire peut, malgré sa dureté, s’inscrire dans une quête de justice et de droiture.

 

Héritage et actualité

Aujourd’hui encore, dans les régiments parachutistes français et étrangers, saint Michel demeure une référence vivante. Son image figure sur les fanions, dans les chapelles militaires, et jusque dans les insignes. La mémoire collective des parachutistes associe son nom au courage, au sacrifice et à la fraternité d’armes.

2REP

Alors que les missions évoluent, que les théâtres d’opérations changent, le lien symbolique avec l’Archange ne se dément pas. Le parachutiste, qu’il saute de nuit dans le vent, qu’il progresse sur le terrain ou qu’il veille en garnison, se sait placé sous le regard de saint Michel, « Prince de la milice céleste ».

 2REP1

Et par Saint Michel ! Vive les Paras !